Festival International du Film Politique de Carcassonne – Compte-rendu n°2
Le jour se lève sur Carcassonne et le soleil même brille un peu (si, si).
Traîner un peu au lit, profiter d’une délicieuse douche dans l’Hôtel de la Cité qui abrite les festivaliers, dévorer un petit déjeuner, écrire aussi, voilà mon programme pour la première partie de la journée. Et puis je rencontre Henzo Lefèvre, directeur du festival, pour une discussion à propos du sens, des buts et des rêves de ce jeune festival. Ensuite, il y a les films.
Des hommes, d’abord. Ce documentaire est présenté en compétition au cinéma Le Colisée. Et ce document impressionne par son audace : l’équipe du film a pu ainsi filmer, à visages découverts, les prisonniers et leur quotidien au Centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille. Les plans soignés ne cachent pas les murs en décomposition et qu’on pourrait presque sentir à travers l’écran, les espaces condamnés, la valse des prisonniers et du personnel dans les travées exiguës. La violence est là bien sûr, et les crimes et délits en filigranes, mais ce qui touche c’est l’humanité de ces figures. On les dépeint souvent déshumanisés par l’univers carcéral. On les découvre touchants, drôles, gouailleurs, sociables. Il subsiste en ces murs pourris des espoirs, de la douceur, des sentiments d’amour. C’est une rencontre rare que le film propose et un objet documentaire inestimable.
En même temps au Centre des Congrès, était présenté le long métrage de fiction K Contraire de Sarah Marx (photo) avec Sandrine Bonnaire, Sandor Funtek et Alexis Manenti. Il raconte l’histoire d’Ulysse, jeune homme fraîchement sorti de prison, qui décide de participer à un plan de deal de kétamine en festival pour permettre à sa mère, gravement dépressive, d’avoir les soins qu’elle mérite. Point de misérabilisme ici mais une volonté de dépeindre le monde avec justesse. Les acteurs et l’actrice principale livrent des performances sensibles et les dialogues, extrêmement bien écrits, viennent appuyer le scénario fort d’un combat pour la survie.
Comme chaque soir au festival international du film politique, un partenaire propose un buffet dînatoire entre les séances. Ce mercredi soir c’était Carcassonne Agglo qui régalait spectateurs comme invités. Et comme la région Occitanie la veille, avec une générosité qui les honore.
Quelques verres de vin local et quelques gourmandises plus tard, il est temps de se lancer dans un film qui s’est avéré plus éprouvant que prévu. Le film de fiction iranien When the moon was full a donc été responsable de pas moins de trois malaises dans la salle. Et il faut dire que son sujet, le combat d’une épouse et mère contre le fanatisme de la famille de son mari, est traité avec une intensité remarquable. Mention particulière à la comédienne Elnaz Shakerdoost qui porte sur ses épaules de destin tragique de cette famille gangréné par le radicalisme. Le récit glaçant est basé sur une histoire vraie et saura marquer les esprits.
Après de telles émotions, une petite promenade dans la ville s’impose. Je rejoins l’hôtel à pieds, sous la pleine lune. Le festival du film politique est déjà, pour moi, un concentré d’émotions et de réflexions. Une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop pour digérer les films vus aujourd’hui.
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